Epique 6 (E6) ou l’art d’utiliser TOUTES les ressources de D&D

Lorsque je discute de la pertinence d’E6 sur les divers forums de la communauté rôliste francophone, on m’oppose souvent que ce système n’est pas assez héroïque, qu’il ne permet pas l’incarnation de personnages réellement au dessus du commun des mortels.

On ne saurait, à mon humble avis, être plus dans l’erreur.

Le problème de ce raisonnement vient essentiellement du fait que, dans l’esprit des gens, la différence de force qui existe entre le soldat lambda et le plus puissant combattant d’un univers E6 est de l’ordre de celle qui sépare un guerrier niveau 1 (FP 1) d’un guerrier niveau 6 (FP 6)*.

Pour commencer, il convient de rappeler qu’une fois arrivé au niveau 6, un personnage E6 continue de progresser via l’acquisition de dons.

La différence de puissance entre un guerrier débutant (niveau 1 = FP 1) et un guerrier légendaire (niveau 6 + 20 dons = FP 10) est donc, en réalité, nettement plus lourde.

De plus, il faut ajouter que le combattant lambda dans un univers E6 n’est PAS un guerrier : c’est un homme d’arme (une classe de PNJs parmi les 5 présentées page 107 du Guide du Maître).

Du reste, dans un univers E6**, rappelons que les classes de PNJs sont la norme et les classes de PJs l’exception.

Un PJ de niveau 1 est donc, par essence, un individu exceptionnel.

La différence de force qui existe donc entre le soldat lambda et le plus puissant combattant d’un univers E6 est en réalité de l’ordre de celle qui sépare un homme d’arme niveau 1 (FP 1/2) d’un guerrier niveau 6 + 20 dons (FP 10).

Mais les choses ne s’arrêtent pas là, si on souhaite accentuer encore cet état de fait.

En effet le Conteur peut aussi jouer sur le nombre de points de caractéristiques octroyés à la création des PJs/PNJs (se reporter à la table page 169 du Guide du Maître).

Par défaut, l’édition 3.5 de D&D part du principe que les PNJs (comme notre homme d’arme niveau 1) sont créés avec 15 points de caractéristiques alors que les PJs (comme notre guerrier niveau 1) disposent, eux, de 25 points de caractéristiques.

Un Conteur qui souhaiterait rendre encore plus héroïques ses PJs et certains de ses PNJs pourrait donc tout à fait choisir de les construire avec 28 voire 32 points de création (les options 3 et 4 proposées dans le GDM), accentuant encore le fossé qui les sépare du PNJ lambda.

De même, la valeur totale moyenne de l’équipement d’un PNJ (voire la page 127 du Guide du Maître) n’a rien à voir avec celle d’un PJ de même classe et même niveau (voir la page 135 du même ouvrage) : à personnage équivalent, le PJ sera donc le plus souvent supérieur à son équivalent PNJ.

Pour finir, en cherchant en dehors des règles de base de D&D, le Conteur E6 peut trouver encore deux outils supplémentaires pour renforcer le coté « épique » de certains personnages par rapport à leur environnement : les points d’action/de conviction et les classes gémellaires.

Que le Conteur utilise les points de Conviction présentés dans Raising the Stakes (le PDF jumeau d’E6) ou les points d’Action issus d’Eberron (et recyclés dans les Arcanes Exhumés), il dispose, là encore, d’un moyen radical pour différencier ses héros de Mr Tout-le-Monde.

En effet, seuls les PJs (et éventuellement certains PNJs particulièrement importants) bénéficient de cette possibilité d’altérer, en leur faveur, le hasard du d20. Dans ces conditions, le personnage dispose, littéralement, d’une réserve d’héroïsme qui le rend supérieur à ses camarades moins chanceux…

Enfin, le Conteur peut faire le choix, radical, des classes gémellaires présentées dans les Arcanes Exhumés (page 72). A ce niveau là, un personnage gémellaire doit être considéré comme un être épique par nature, d’une essence différente de celle du reste du monde (chevalier dragon, élu divin, champion éternel, etc.) …

Pour conclure, il convient donc de dire que le Conteur E6 dispose en réalités de larges possibilités pour différencier les héros de son univers de ses citoyens lambda.

La différence réelle entre les deux extrêmes possibles d’un univers E6, celle qui sépare un PNJ homme d’arme de niveau 1 (FP 1/2, donc) d’un PJ gémellaire Paladin 6 / Ensorceleur 6 (+ 20 dons) créés avec 32 points de caractéristiques (FP 12 voire 13), étant abyssale, de même nature que celle qui sépare un simple mortel d’un demi-dieu.

* différence déjà très conséquente.

** comme dans l’univers « E20 » d’Eberron.

2 thoughts on “Epique 6 (E6) ou l’art d’utiliser TOUTES les ressources de D&D

  1. nico says:

    Je ne suis vraiment pas d’accord avec ce système que j’ai essayé en tant que joueur il y à peu.
    Un système qui bride autant un jeu (en gros on utilise 1 tiers des dons, sorts et capacités) n’a pour moi pas sa place au seins des univers de donjons et dragons. Je suis joueurs depuis de longues années et pour moi un personnage doit être au dessus de la « normal » du peuple car c’est avant tout un héros. Ensuite les univers de d&d sont fantastique alors pkoi vouloir autant limiter autant ? j’ai l’impression que ce système est fait pour les mj un peut feignant et qui ont « peur » de leurs PJ. Bref pour moi si on aime pas le système D20 pourquoi ne pas passer à un autre jeu ou même créer un jeu sois même ?

  2. Un personnage joueur en D&D E6 EST un héros au dessus de « la normal du peuple », il suffit de comparer le profil d’un guerrier niveau 1 à celui d’un homme d’arme niveau 1 (ne parlons même pas d’un homme du peuple de même niveau) pour s’en convaincre. De la même manière le jeu reste fondamentalement fantastique, les joueurs pouvant interpréter au final des personnages capable d’exploits légendaires, dans le même registre que les héros du Seigneur des Anneaux, par exemple. 🙂

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