Si tous s’accordent à dire que la première intervention mémorable du Théâtre d’Acier est la célèbre bataille du Gouffre de Shaelm, bataille durant laquelle la compagnie arracha une victoire écrasante aux bénéfices du Masque Blanc et de ses généraux orques, il est beaucoup plus délicat de dater précisément la création de ce corps d’armée si particulier.
A vrai dire, pour quiconque souhaiterait creuser vraiment les origines du Théâtre, il conviendrait de faire oeuvre d’enquêteur et d’historien.
Il est de notoriété publique que c’est de la rencontre du jeune Maître d’œuvre Gaspard d’Acier et du tristement célèbre Elfe Noir Faenor Und’Bakyl, le Sorcier des Ombres, que naquit cette unité dont beaucoup s’accordent à dire qu’elle est la plus terrifiante à avoir jamais foulé un champ de bataille, à l’exception peut être de la Légion Carmine.
Les archives de la Guilde des Artisans Nains révèlent que Gaspard fut reconnu Maître d’œuvre près de dix ans avant le que le Gouffre de Shaelm ne révèle sa prodigieuse habileté aux yeux du monde.
Son chef d’œuvre, le travail qui lui permit d’accéder au statut de Maître dans la Guilde, était déjà une créature mécanique : le Soldat-Vapeur.
Haut de près de 7 pieds, le Soldat-Vapeur est encore conservé dans le Musée de la Guilde.
C’est une créature métallique menaçante et grossière, une armure lourdement animée par un bruyant système de combustion et dont les réactions, basiques et limitées, sont entièrement tributaires d’une Rune-Esprit..
Et si l’ouvrage en lui-même reste assez impressionnant on est encore très loin de l’élégante et mortelle sophistication qui devait faire la marque des créations de d’Acier dans les années suivantes.
Du reste les performances du Soldat-Vapeur, bien qu’honorables, ne permettent absolument pas de l’envisager en tant qu’unité militaire à part entière : son manque cruel d’autonomie le destine d’emblée à des escarmouche alors que son maigre jeu de réactions, gravées à même sa Rune-Esprit, ne lui donne pas de qualités tactiques suffisantes pour en faire autre chose qu’un cuirassé lourd dans une bataille rangée.
C’est très vraisemblablement cet échec en forme de succès qui devait pousser Gaspard à vouloir effectuer son Compagnonnage en dehors des sentiers battus et a demander, donc, une dispense exceptionnelle pour pouvoir voyager au delà des limites des Trois Royaumes.
Au bout de quelques mois de pérégrination, la trace de Gaspard se perd, alors même qu’il semble se rapprocher des territoires souterrains des Princesses de l’Araignée.
On ne le retrouvera que quelques années plus tard, lors de son retour triomphal au siège de la Guilde et de sa démonstration publique de ce qui devait s’avérer être le premier des Pantins d’Infanterie.
Démonstration qui précédait de quelques mois la victoire du Gouffre.
On le sait, le Théatre d’Acier est une structure bicéphale. En effet, des l’époque de son retour au sein de la guilde, Gaspard semble désormais indissociable de son mystérieux associé, Faenor Und’Bakyl.
Le parcours d’Und’Bakyl est encore plus trouble que celui de d’Acier : bien sur, nul n’ignore son intervention dans le Complot des Crucifiés, ni les charges extrêmement graves qui pèsent sur lui aux yeux de la justice de l’Empire mais, en dehors des ces épisodes célèbres, il est plus que délicat de retracer le parcours du Sorcier des Ombres avant la création du Théâtre.
Il semblerait toutefois que Faenor, dernier survivant d’une famille de la haute noblesse Elfe Noir décimée lors d’une vendetta, ait longtemps survécu en vendant ses services d’assassin magicien lors des innombrables guerres de maisons qui déchiraient l’aristocratie des terres de l’Araignée.
De sa formation aux arts mystiques les plus sombres, de celui qui fut son maître on ne sait rien.
Toujours est il que, désormais, le Théâtre d’Acier arpente les Champs de Bataille avec une efficacité jamais démentie et que les services des deux associés se négocient à un tarif inégalé à ce jour.
Le Théâtre est divisé en quatre grandes structures :
– Les Pantins d’Infanterie, façonnés à l’image de l’homme, sont minces, rapides et constituent la base du Théâtre. Identiques les uns aux autres, ils présentent à l’adversaire un visage miroir reflétant ses propres traits et manient leurs grandes hallebardes avec virtuosité terrifiante.
– Les Cuirassés Fantoches sont hauts de 8 pieds et très lourdement blindés. Les masques qu’ils arborent représentent des faciès cyclopéens et cornus dont l’effet sur le moral ennemi n’est plus à prouver. Les armes qu’ils utilisent, lames démesurées et masses hérissées de piquants, sont fixées dans le prolongement de leurs bras.
– Les Automates Centaures constituent l’unité de mouvement du théâtre. Quadrupèdes d’une grande célérité ils affrontent les cavaleries ennemies sur leur propre terrain, avec leurs lances et leurs grands boucliers. Leur heaumes sans visages sont plantés de grands cimiers de plume rouges sang.
– Les Marionnettes de Baliste fauchent des rangs entiers d’adversaires avec leur deux arbalètes lourdes couplées et leur bras articulé capable de lancer des jarres a feu grégeois en plein cœur d’un affrontement. Leur masque figure des visages démoniaques hurlants et grimaçants.
Gaspard lui-même, contrairement à Faenor, semble mettre un point d’honneur à être présent lorsque le Théâtre combat. En retrait, sur une colline quelconque, il observe attentivement le déroulement des événements à l’aide d’une longue vue.
Gaspard, dans ces occasions comme en dehors des combats, est accompagné du Titan, son garde du corps personnel.
Le Titan est une monstruosité d’acier noirci, qui ferait passer les Cuirassés Fantoches pour des avortons.
Le Titan est un ancien modèle d’automate, une créature mécanique mue par une Rune Esprit aux instructions limitées (mais un protecteur n’a pas besoin de beaucoup d’instructions, n’est ce pas ?).
Gaspard à dépensé une véritable fortune, les tous premier émoluments du Théatre, pour acheter une Pierre-Dragon et en faire une Rune Cœur pour le Titan, lui donnant ainsi une autonomie de plusieurs siècles.
Nul ne sait pourquoi Gaspard n’a pas assuré sa protection via les automates du Théatre, tellement plus sophistiqués et élégants.
Nul ne sait pourquoi, à la fin de chaque bataille, les créatures du Théâtre prennent quelques minutes pour fouiller les décombres et récupérer, en plus de leurs pertes, quelques cadavres précis issus des rangs adverses qu’elles emportent avec elles.
Nul ne connaît les termes exacts de l’association entre Gaspard d’Acier et Faenor Und’Bakyl.
Mais tous craignent le silence absolu qu’apporte le Théatre d’Acier en plein cœur des affrontements.